AYOYE LA CLAQUE.
Ayoye les photos printées sur les cartes (face semi-convaincue).
Mais ayoye le jeu !!
Ce sont les premières pensées que j’ai eues lorsque j’ai terminé ma première partie de Terraforming Mars, petit bijou édité par Stronghold games et réfléchi par Jacob Fryxelius.
Année: 2016
Auteur(s): Jacob Fryxelius
Illustrateur(s): Daniel Fryxelius, Isaac Fryxelius
Editeur(s): Stronghold games
Nombre de joueurs: de 1 à 5 joueurs
Durée : Pas assez longtemps (120 minutes).
J’attendais ce bon cru depuis déjà un bon petit bout, lisant sur internet de manière effrénée les différentes news/critiques/vidéos que je pouvais trouver et une chose me revenait toujours en tête : ‘’HUM. De la hard science en board game, ça me branche’’. Comme de fait, j’ai finalement réussi à mettre la main de manière frénétique sur une copie et j’ai enchainé les parties l’écume à la bouche, les yeux fous et le cœur comblé.
Dans une partie habituelle de Terraforming Mars, les joueurs vont accomplir des projets à l’aide de cartes, accumuler des ressources, construire des villes, remplir des océans et planter des forêts sur une map hexagone de la planète rouge. Chaque joueur incarne alors une corporation à l’expertise variée qui doit travailler en collaboration avec les autres afin de rendre la planète habitable pour la vie humaine. C’est le premier truc qui m’a agréablement surpris du jeu. Les joueurs ont un but commun, rendre mars habitable, mais seulement un des joueur gagnera tous les mérites d’avoir rendu le miracle possible. Pour avoir une terraformation complète, il faut que la planète doit être composée à 9% d’eau, que la température moyenne se situe à 8 degrés et que le taux d’oxygène de la planète atteigne le 14 %. Lorsque cela survient, on termine le tour et l’individu avec le plus de points l’emporte. Oui, Terraforming Mars est un jeu à pointage mais pas que.
Afin de bien vous imprégner de ma critique, je vous suggère alors d’écouter la succulente soundtrack du film Interstellaire composée par Hans Zimmer, celle de Sunshine composée par John Murphy ou encore tout simplement de vous mettre au complet The planets par Gustav Holts (moins thématique mais ça reste intéressant). Enfilez ensuite votre costume d’astronaute que vous allez vous avoir gossé avec des boites de carton, des tuyaux de sécheuse pis des assiettes en aluminium, et partez avec moi pour une aventure cérébrale, sérieuse et très complète avec le jeu Terraforming Mars !
Thème
On est dans un futur pas si lointain, la terre ne va pas bien (comme présentement mais en bien pire), le Romano Fafard a manqué sa mission et on doit trouver une alternative à notre belle boule bleue qui se transforme tranquillement en laide boule brune. La planète rouge devient dès lors l’alternative idéale pour nous et c’est ainsi que s’entame le merveilleux, long et fastidieux projet de la terraformation de la planète afin de la rendre habitable. Voilà pour le pitch.
Visuellement le jeu donne un ton sérieux. Les auteurs ont un parti pris de donner un feeling très hard science–fiction. Pour ceux qui veulent un éclaircissement sur ce style, mon pote wikipedia nous décrit ça alors comme un genre de science-fiction dans lequel les technologies décrites, les formes sociétales présentes dans l’histoire et les découvertes ou évolutions ne sont pas en contradiction avec l’état des connaissances scientifiques au moment où l’auteur écrit l’œuvre. La hard science-fiction s’est fortement développée à partir de ce qu’on a nommé « l’âge d’or de la science-fiction ».
Alors oui, le jeu transpire ce style là et ça me plait. Ça me fait grandement penser à la trilogie martienne de Kim Stranley Robinson. Attendez-vous pas à voir des petits bonhommes gris aux yeux noirs parcourir la surface de mars en pitchant des rayons lasers avec des fusils multicolores, y’en a pas de ça. Il y a surtout la volonté de présenter un jeu crédible dépassant la science d’aujourd’hui tout en étant très proche de la réalité. Il est alors normal que dans sa présentation, le jeu soit très sobre mais sans pour autant être dénué de personnalité.
Mais attention, je ne flippe pas la table de bonheur en regardant les cartes du jeu pour la simple et bonne raison qu’il y en a quelques-unes (plusieurs) qui sont assez moches. Surtout des photos, GOOD LORD S’IL-VOUS PLAIT, pas de photos dans un jeu c’est mon plus grand turn off visuel. Par chance, sans être renversants, d’autres composants visuels simples mais efficaces font en masse la job (Genre les trognons petits cubes de ressources).
Mécaniques
Côté Mécaniques, plusieurs événements que j’ai brièvement abordés plus haut sont le cœur et l’âme du jeu. Dites-vous que c’est grossièrement un jeu où la mécanique centrale est le choix d’actions. Plutôt classique mais très efficace et stimulant dans ce cas-ci. Chaque joueur possède un petit plateau personnel, représentant les différentes ressources qu’il peut posséder. Ces diverses ressources peuvent servir à construire des bâtiments, accomplir des projets, acheter des cartes projets, faire monter la température ou même encore implanter des forêts sur la surface de la planète.
Mais le jeu prend vraiment sa substance dans l’immensité de choix parmi les cartes projets. Celles-ci se divisent en trois types de cartes qui vont soit offrir des nouvelles actions disponibles, soit accomplir un effet immédiat, soit influencer directement un autre joueur de manière négative (lui voler des ressources, etc.). Les projets vont coûter un montant d’argent (calculé en MILLIONS !!!) et exiger parfois des prérequis. Une carte pourrait par exemple être mise en jeu seulement à partir du moment où la température de la planète atteint un niveau précis.
À chaque tour, les joueurs ont l’opportunité d’acheter des nouvelles cartes projets. Ces dernières sont pigées à l’aveugle au nombre de 4 et le joueur peut décider de celles qu’il veut acquérir parmi celles disponibles. C’est un aspect qui ne plaira pas à tous, car il y a ainsi une forme de hasard assez présente dans le jeu. Pour ma part, je trouve surtout cela extrêmement stimulant puisqu’il y a plus de 200 cartes différentes, chaque joueur doit adapter sa stratégie selon ce qui s’offre à lui et l’aspect chance demeure surtout un petit thrill qui n’enlève rien aux possibilités du jeu. Terraforming Mars possède alors une rejouabilité gigantesque et une profondeur complexe, mais calculable. J’ai joué pour l’instant cinq parties et elles étaient toutes radicalement différentes.
D’autres choix sont également disponibles en termes d’actions. Il est possible par exemple de réclamer un award si vous êtes le premier joueur à avoir construit trois villes sur la planète. Les différents awards disponibles sont présentés sur le plateau de jeu et il est seulement possible d’en réclamer trois au courant de la partie. Ils fournissent alors des points en fin de partie lorsqu’on fait le décompte final.
Le placement de tuiles (océans, forêts, villes ou autres) sur la planète est également une source de points de victoire, ainsi qu’une source monétaire, et demeure une mécanique efficace d’accomplissement en plus des multiples cartes projets. Comme vous pouvez le constater, Terraforming Mars offre alors un panel de choix gigantesque afin d’accomplir efficacement la terraformation de la planète rouge. Le fait que chaque joueur possède également une corporation différente aux aptitudes différentes ne fait que rajouter encore plus un sentiment de renouveau à chaque partie entamée.
Je crois que j’ai été assez claire, Terraforming Mars est solide de chez solide. C’est profond, efficace, rejouable à fond. C’est comme un bon gros roman de science fiction sur un plateau de jeu. Dans un monde où parfois le plateau de jeu et l’artwork d’un jeu de société se doit d’être agressif, accrocheur et surréaliste, Terraforming mars est plutôt du genre à offrir une sobriété agréable et une efficacité exemplaire.
Vous pouvez fermer la musique et ranger ce gênant costume d’astronaute.
(9 / 10)Auteur: foudebassan90
Né probablement dans une boîte d’horreur à Arkham en 1990, Pierre-Philippe s’intéresse depuis son plus jeune âge aux jeux ludiques sous toutes ces formes.
Ayant été effrayé par le maître des clés dans le jeu de société Atmosfear lorsqu’il était encore qu’un bambin, il affectionne particulièrement les jeux à tendance horrifique qui plongent les joueurs dans le mystère et l’horreur. Découvrant que plus récemment la richesse du style worker placement, il s’est fait donné comme objectif de devenir le plus grand joueur de worker placement que la terre ait jamais connu.
Malheureusement, prenant conscience que c’est un rêve idiot, il aborde aujourd’hui une approche plus réaliste de la chose et apprécie globalement tous les styles de jeux, du kubenbois le plus agréable a l’Améritrash le plus virulent. Son ouverture d’esprit dans cet univers riche lui permet d’avoir une feuille de route bien remplie et s’adonne avec encore plus de passion qu’avant à partager son point de vue amateur et positif de l’univers des jeux de société.
3 commentaires
TopGun · 2 mai 2017 à 11 h 38 min
Merci beaucoup pour l’article. Ce jeu me semble très bon. Petite question : Est-ce qu’il y a beaucoup de carte qui nous permettent de nuire à l’adversaire? Comme ma conjointe est du genre à vouloir bâtir son petit royaume sans trop se faire détruire/nuire, j’essaie de choisir des jeux avec une interaction « soft ». Merci!
foudebassan90 · 2 mai 2017 à 12 h 34 min
Il y en a quelques unes oui, mais ce n’est vraiment, mais vraiment pas ça qui fait pencher la balance d’un côté comme de l’autre. Elles ne sont pas du tout le »core » du jeu et ne vont pas empêcher votre conjointe de bâtir son petit royaume spatial personnel ! 🙂
TopGun · 5 mai 2017 à 12 h 48 min
Bon, ça y est, il est en commande… Je croise les doigts pour que ça passe le test de ma blonde… J’ai vraiment hâte tout d’un coup…